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Circé (2019)

Madeline Miller

Aujourd’hui, je vais parler du livre Circé de Madeline Miller.

Il s’agit d’une écriture moderne de la vie de Circé, personnage de la mythologie grecque . Alors comme pour tant d’autres, il y a selon les auteurs qui l’ont mentionnée, des variantes concernant sa généalogie, sa nature de déesse ou les événements auquel elle a pu participer.
Mais la principale et plus connue référence à Circé, celle qui me l’a fait connaître est l’Odyssée d’Homère. Elle y est une puissante magicienne qui transforme en cochons des compagnons d’Ulysse alors qu’il passe sur son île au début de son voyage. Grâce aux conseils d’Hermès, le héros grec sauve les siens et peut poursuivre sa route après avoir passé quelques temps là.

Dans mes souvenirs, Circé était donc un court épisode dans une grande épopée et j’ai même dans un premier temps confondu Circé avec Calypso, autre déesse qui recueille Ulysse sur son île. Mais Circé est même de base plus qu’une magicienne sur une île isolée qui a croisé Ulysse. Elle est la fille de Hélios (le dieu soleil), la sœur de Pasiphaé (femme de Minos et mère du Minotaure), la tante de Medée (puissante magicienne et personnage important durant la quête de la toison d’or). Elle a aussi à voir avec le sort de Scylla, ce monstre marin autrefois nymphe qui hante les voyages marins dans plusieurs récits de la mythologie.
Dans ce roman, Madeline Miller se sert de cet ancrage original du personnage dans de multiples pans de la mythologie grecque pour étoffer le monde autour de son héroïne et en profite pour aborder de nombreux sujets. Par exemple, le père de Circé est un Titan, ces dieux qui régnaient sur le monde avant que les Olympiens menés par Zeus ne prennent le pouvoir. Le livre ne manque pas d’évoquer l’aspect politique de la cohabitation existant entre les anciens ennemis.

Mais le cœur du roman reste l’histoire de Circé, déesse mineure qui se découvre la capacité à créer de puissantes potions, ce qui lui vaudra de se retrouver exilée sur l’île Eéa. De là, elle cherchera un sens à sa vie divine mais ne manquera pas d’être informée des affaires du monde et de s’y impliquer à sa manière grâce aux rencontres présentes ou suggérées dans les récits existants la concernant mais également celles complètement crées pour le roman.


J’ai apprécié ce livre.
D’abord parce que j’aime la mythologie, ce qui m’a avant tout poussé à me procurer ce livre. C’est du fan service de reconnaître des histoires et des noms familiers dans un même récit et ce n’est pas nouveau du tout (mention spéciale pour la quête de la toison d’or, véritable équipe d’Avengers avec Hercule, Orphée, Castor, Pollux, Atalante, entre autres…) mais ça marche pour moi. Et le livre ne s’en contente pas. Déjà, parce que les mythes sont rassemblés en un univers cohérent et sous une lumière qui m’a plu.

Ensuite, le parcours et la personnalité de Circé sont intéressants. Mine de rien, elle se retrouve exilée parce qu’elle ose être capable de menacer l’ordre établi, ce qui résonne avec le qualificatif de sorcière que le personnage s’est vu affublé quelques fois dans la littérature. C’est mine de rien la lutte de quelqu’un qui refuse de se conformer et qui dérange en assumant d’être elle-même.
Le plus clair du temps du livre a beau se dérouler sur l’île et du point de vue de Circé, beaucoup d’événements s’enchaînent et la curiosité, la ténacité et l’effronterie de la déesse font qu’elle n’est pas juste spectatrice. Il y a une aventure qui se joue.

En bref, Circé est une écriture moderne d’une figure mythologique, observatrice privilégiée au carrefour de nombreuses trames de ce monde étendu, mais elle-même intéressante dans ses épreuves et son impact.

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